Voilà déjà plusieurs semaines que le monde entier vit au rythme de l’épidémie de COVID-19. Alors que la situation évolue au jour le jour, PokerReport.eu fait le point sur les conséquences de la crise sanitaire dans le milieu du poker.
Avec le confinement et la distanciation sociale de rigueur dans la majorité des pays occidentaux, c’est tout logiquement que le petit milieu du poker s’attendait à un bouleversement de son activité. Tout a commencé par l’annulation en cascade des tournois live, en raison des interdictions de rassemblement en France et un peu partout en Europe. Puis la fermeture des lieux accueillant du public, donc des casinos jusqu’à nouvel ordre, a paralysé totalement le poker live, mettant par la même occasion au chômage technique tout le staff événementiel.
Pour faire face aux conséquences économiques potentiellement catastrophiques pour l’industrie, les différents acteurs se sont donc organisés. À commencer par les rooms et les franchises live qui n’ont eu d’autres choix que de déplacer quasi totalement leur action vers le online. FPO, UDSO, WPT mais aussi Irish Poker Open, Poker Masters ou encore WSOP, autant de circuits live qui se sont déclinés sur Internet ou vont le faire dans les semaines et mois à venir. Ainsi, la franchise World Poker Tour est l’une des premières à avoir fait le choix de s’associer avec une room online pour proposer des tournois brandés WPT aux internautes. Sur le .fr, les premiers WPTDS online se sont déroulés pendant plus de deux semaines sur le réseau partypoker avec une garantie totale de 2,8 millions d’euros, des trophées et un package WPTDS à gagner, comme en live.
Le virage du live au online
À l’international, le WPT online est annoncé du 10 au 26 mai avec un prizepool global garanti de 15 millions garantis. « WPT et partypoker sont fiers de cette innovation pour nos deux marques avec ce premier festival WPT online, a déclaré le président de la franchise américaine Adam Pliska. Les joueurs du monde entier doivent être impatients d’avoir l’opportunité de jouer des événements WPT à tout buy-in depuis le confort de leurs maisons. » Avec un Main Event à 3 200$ pour 5 millions de dollars garantis, un WPT500 (1M$) et un WPTDS 1 600$ (1M$), l’action s’annonce folle avec, là encore, un trophée WPT et un ticket d’une valeur de 15 000$ pour le WPT Tournament of Champions à la gagne. « Sept millions de dollars garantis pour des events WPT sur partypoker, c’est une avancée excitante pour notre partenariat et nous avons hâte de couronner nos premiers vainqueurs WPT Online Championship et de les voir disputer le WPT Tournament of Champions », a ajouté la vice-présidente du WPT Europe Hermance Blum.
« Quand, avec notre partenaire Texapoker, nous avons dû nous résoudre à annuler les étapes FPO de La Grande-Motte en mai et de Gujan-Mestras en juin, il a été rapidement évident pour nous qu’une édition online pourrait être envisagée, explique à son tour Brewenn Cariou, responsable du poker chez PMU.fr. D’autant que c’est un projet que nous avions déjà, permettant de distribuer des points pour le Leaderboard de la saison 4. » Les réguliers de la room aux petits chevaux pourront donc s’affronter du 17 au 26 mai sur les tables virtuelles pour la toute première édition du FPO Online dotée de 350 000 euros garantis avec un Main Event à 600€ (150 000€ garantis) comme en live et tous les side event d’ordinaire de mise. « Mais ce n’est que temporaire et nous avons évidemment hâte de reprendre le circuit live au deuxième semestre 2020 quand les conditions seront réunies pour accueillir les joueurs », précise Brewenn Cariou.
Même combat pour Unibet.fr et le DeepStack Open d’Alexandre Henry avec une édition UDSO Online les 3 et 4 mai prochains. Le Main Event, réduit à 300€ de droit d’entrée avec un re-entry unique, s’étalera sur deux jours avec une belle structure profonde de 50 000 jetons pour des niveaux de 20 minutes. Un buy-in live UDSO de 550€ sera offert aux six finalistes qui pourront prétendre au Leaderboard de la saison XI. Unibet a par ailleurs annoncé que l’ensemble de ses événements live de 2020 serait déplacé online dont les trois Unibet Open à venir. « Ce n’est pas une décision que nous avons prise à la légère, a insisté la responsable des Events Live Nataly Sopacuaperu. Nous comprenons totalement l’impact que cela peut avoir pour nos partenaires et les établissements de jeux, cependant notre priorité est de considérer non seulement la santé de nos clients mais aussi la difficulté pour les joueurs récréatifs de planifier des voyages dans ces temps d’incertitude. »
L’explosion du poker en ligne
Autre conséquence de la crise sanitaire, mais plutôt positive cette fois, le trafic accru sur les rooms online. Confinement oblige, les joueurs occasionnels ont profité de leur temps libre pour abattre plus de volume, les anciens passionnés ont réactivé leur compte, les férus de paris sportifs se sont rabattus sur le poker en l’absence de compétitions sportives et de nouveaux joueurs ont découvert une source d’occupation. « Comme l’ensemble du marché du poker online en France et dans le monde, nous avons vu un pic au début du confinement avec une forte augmentation des nouveaux actifs, un transfert des joueurs mixtes vers les tables de poker et une réactivation de joueurs qui ont retrouvé un intérêt pour ce jeu, confirme le responsable du poker chez PMU.fr Brewenn Cariou. Les joueurs ont eu plus de temps disponible pour jouer en ligne avec en parallèle une offre turf réduite ainsi qu’une quasi absence d’offre de paris sportifs. »
« Nous avons donc renforcé l’offre online après le lancement déjà prévu d’une nouvelle grille de tournois le 16 mars dernier, un bon concours de circonstances, ajoute-t-il. Nous avons aussi augmenté le nombre de tournois réservés aux communautés de joueurs et à nos partenaires. Il a fallu d’abord absorber la situation, réorganiser les équipes et revoir une bonne partie du plan d’animation du deuxième trimestre pour proposer une offre cohérente et attractive. »
Les opérateurs ont donc profité de ce trafic accru pour proposer de nouveaux tournois, de gros prizepool, de nouvelles offres de bienvenue et même des événements caritatifs. Numéro 1 en France, Winamax est logiquement la room qui en a le plus profité en voyant ses mises totales tripler, un boom des parties privées et l’explosion de la création de nouveaux comptes. Avant un tassement des chiffres ces derniers jours.
Vers du poker live revisité
Alors que les activités du poker live sont à l’arrêt total, la situation actuelle est aussi l’occasion pour les acteurs du marché de remettre en cause le système connu jusqu’alors notamment en terme d’hygiène. Ainsi, les organisateurs de tournois live se penchent sur la reprise à venir avec de nouvelles normes et des mesures sanitaires renforcées. « Nous essayons d’estimer une date de réouverture des établissements de jeu et de préparer une reprise de notre activité, affirme Apostolos Chantzis, le fondateur de Texapoker, numéro 1 de l’organisation de tournois live en France. Comme toute entreprise, nous avons besoin et envie de travailler, nous réfléchissons donc à de nouvelles façons de jouer un tournoi live demain au regard de la situation actuelle. »
Dans un article paru sur le site du DeepStack Open, son fondateur Alexandre Henry estime qu’il faudrait s’inspirer du modèle asiatique : « il est chose courante en Asie de porter un masque en extérieur comme à l’intérieur autour d’une table de jeu : par respect des autres autant que par protection, même hors période pandémique. » Prise de température, distribution de gel hydroalcoolique, limitation du nombre de joueurs à l’intérieur d’une salle de jeu, désinfection du matériel …, voilà autant de mesures prises en Asie qui pourraient servir de pistes de réflexion en Europe selon l’entrepreneur.
« Dans les circonstances actuelles, on peut envisager le port du masque obligatoire dans une salle de tournoi, du gel hydroalcoolique distribué, etc., enchérit Apostolos Chantzis. La distanciation sociale est très difficile à respecter à une table de poker. On peut imaginer évidemment une fin du 10-handed dans un premier temps, un nombre de joueurs limité dans la salle, des visières pour nos croupiers… nous réfléchissons à toutes les options possibles en lien avec les autorités mais il n’y a encore rien de concret. »
« Il faudrait repenser le planning de jeu différemment de celui généralement organisé, poursuit Alex Henry. Plus de jours 1 répartis sur la semaine avec une capacité restreinte de participants. Une restriction de capacité qui entraîne donc un rallongement de la durée, et qui pourrait même s’amplifier dans l’espace. » De nombreuses pistes donc mais une seule certitude : dans l’industrie du poker comme ailleurs, il y aura un avant et un après crise sanitaire du COVID-19.